Le 15 mars 2022, le conseil municipal de la commune de Saint Pierre Quiberon a voté en faveur de la création de la première réserve de vagues française et a reconnu le projet d’utilité publique.
Manifeste pour la préservation des vagues

Le présent manifeste constitue une déclaration publique sur la nécessité de conservation des spots de surf, de les considérer en tant que patrimoine naturel, ressource sportive, socio-économique et culturelle.
Le voyage favorise la rencontre avec l’autre, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes, cultures, us et coutumes. Voyager et surfer à travers le monde nous fais voir l’océan dans sa globalité, mais aussi ces nombreux problèmes. La contamination des eaux, l’urbanisation qui ont un impact négatif sur la côte, la faune et la flore, mais aussi sur la disparition des spots. Car s’il n’y a plus de spots, il n’y a plus de surf.
Face à ses problèmes d’ordre mondial, nous avons besoin de voix à l’échelle mondiale, qui réunirait les groupes les plus actifs et les plus fort, permettant ainsi aux plus petits et aux plus faibles de trouver leurs propres solutions. Le présent manifeste constitue une déclaration publique sur la nécessité de conservation des spots de surf, et de les considérer en tant que véritable patrimoine , ressource sportive, socio-économique et culturelle.
Ceci est un engagement interculturel et un défi générationnel. Un chemin pouvant inspirer un changement de mentalité, grâce à l’aide de tous. L’expression la plus pure de l’éthique et des valeurs culturelles que représente le surf : l’harmonie et le respect de la nature dont nous faisons partie intégrante, la façon dont l’être et d’une manière plus générale, comment la communauté se comporte avec son environnement. Ceci constitue une clé essentielle de notre civilisation et de notre culture.
On dit que l’on mesure un homme à la taille de ses rêves. Surfeurs, voyageurs, académiciens, scientifiques et tous les amoureux de la mer, notre rôle est de préserver ce qui nous est cher. Hors si nous devons protéger ce que nous aimons, nous devons protéger les vagues. Il est temps de s’unir pour nos vagues.
1/ LA NATURE : UN PATRIMOINE À PRÉSERVER
Les voix en faveur de la protection de la nature se font entendre depuis la fin du 19ème siècle, la société prenant conscience que le modèle de développement suivi engendre de nombreux changements, parfois irréversible sur notre écosystème. Ce qui dégrade en définitive le milieu dans lequel nous vivons ainsi que la nature dont nous faisons partie intégrante. Le « soi-disant » développement a apporté de nombreuses difficultés d’un point de vue économique et territorial, un changement profond de nos sociétés entraînant l’altération de notre milieu naturel. En contrepartie de la dégradation de notre milieu naturel, il y a également une prise de conscience sur la préservation de notre patrimoine. Cela passe par une mise en valeur de notre nature et de changer le regard de l’être humain vis-à-vis de celle-ci. Il ne faut pas considérer la nature simplement comme une ressource exploitable, mais sous bien d’autres aspects : éthique, esthétique, scientifiques, éducatives et même culturelle.
« Nous sommes confrontés à une valorisation culturelle de la nature »
2/ SUR LA DIVERSITÉ NATUREL
Sur la grande diversité naturelle de notre planète, ledit processus de patrimonialisation a permis d’attirer une attention particulière sur les composants biotiques de notre environnement. La biodiversité fut le fer de lance de l’écologie et des différentes politiques environnementale, mais pas seulement. Lorsque les premiers parcs nationaux furent crées, le patrimoine paysagé eut un rôle déterminant. Ces vingt dernières années, il y eu une attention croissante sur la valorisation et la gestion de la géo diversité, et très récemment, la communauté scientifique introduisit le mot « hydrodiversité » pour nous référer à la variétés de formes existantes dans notre « hydrosphère ». Ce terme fût déjà validé par la communauté il y a de cela plusieurs années. La diversité des éléments et lieux constitués par les plans d’eaux sous différents états. Cela prend tout son sens si nous tenons compte du fait que 70% de notre planète est composé de milieux et paysages aquatiques.
3/ L’OCEAN DANS SA GLOBALITE ET HYDRO DIVERSITE
Les océans sont une composante essentielle dans la régulation énergétique et climatique de notre planète. Des plans d’eaux dans leur ensemble, Des mers et océans, jusqu’au plus petits lacs continentaux, des cours d’eaux au grands fleuves en passant par les torrents de montagne, de la banquise aux petits glaciers, tous ces éléments doivent être considérés comme partie intégrante de la diversité et du patrimoine naturel de la planète. Dans la plupart des cas, ils ne sont pas autant valorisés, considérés seulement comme un habitat riche en diversité et d’espèces à protéger. Depuis des années il devrait profiter d’une attention particulière. Dans d’autres cas, du fait de son étroite relation avec la géosphère et en tant qu’agent modulateur externe, les plans d’eaux sont considérés comme des éléments insérés dans le relief ( un fleuve, une cascade, un lac, un glacier…) Mais indubitablement, ces éléments ne font pas partie de la géo diversité et encore moins de la biodiversité.
4/LA VALORISATION DE L’HYDRODIVERSITE
Le concept d’hydro diversité a été bercé au travers d’un élément caractéristique du littoral : les vagues. Personne ne met en doute l’importance de la faune et de la flore sylvestre, des montagnes, des déserts ou encore des pôles. Mais un fleuve, une cascade ou encore les vagues, hormis leur caractère éphémère et changeant, son des composantes du milieu naturel à forte valeur ajoutée et intrinsèque. Dans le contexte international actuel, alors que les gouvernements répertorient leur patrimoine naturel, celui-ci sera complet une fois que tous les composants de la diversité naturelle seront ajoutés. Dans notre cas, l’incorporation des différents éléments et lieux du monde aquatiquel, mais particulièrement les vagues, l’essence même du surf.
5/ LE LITTORAL VU COMME UNE RESSOURCE
Le littoral est un espace d’une grande valeur régie par les lois de la nature. C’est également le pont unissant la mer et la terre. Un espace d’une grande valeur pour l’homme, qui profite de toutes ses ressources. Un véritable lieu de diversité, une frontière entre deux mondes ou l’on vit et travaille, un pont entre les côtes et les peuples. Nos côtes sont aujourd’hui un lieu de détente et de loisir pour chaque citoyen, des spots, plages, estuaire, brises ainsi qu’un horizon marquant le profil du littoral. Une ressource socioéconomique de premier ordre.
6/ DÉGRADATION DU LITTORAL ET DU BORD DE MER : IMPACT SUR LES SPOTS DE SURF
Nos vagues, tout comme d’autres espaces naturels sont devenus des zones récréatives pour notre société urbaine en pleine croissance et souvent destructrice. Une surexploitation et une intense utilisation de la nature met en péril la préservation de cette nature, alors que nous pourrions en faire une utilisation plus intelligente de celle-ci en tant que ressource socio-économique. En plus des usages traditionnels, la forte attraction touristique ainsi que l’urbanisme galopant entraînent de fortes altérations, diminuant sa valeur intrinsèque et son potentiel en tant que ressource. Malheureusement, en ce qui concerne les spots de surf, les formes de dégradations sont de plus en plus nombreuses : le dragage, les multiples constructions sur la côte comme les « brises-lames » menace l’intégrité de ces espaces. D’où le besoin de sensibilisation afin de réduire de nombreux problèmes dû, la plupart du temps à de l’ignorance. Et cela sans coûts supplémentaires !
7/ LES VAGUES ET AUTRES SPOTS DE SURF, UNE VALEUR NATURELLE SÛRE
Les vagues sont le cœur même de la mer. Leur présence est un composant vital du paysage océanique et du littoral. Malgré leur caractère éphémère, c’est un élément essentiel dans l’équilibre énergétique, maritime et planétaire. L’énergie du soleil se transmet dans l’atmosphère, générant vents et tempêtes, cet afflux d’énergie formant des vagues, qui après un long et périlleux voyage en haute-mer, atteignent les eaux peu profondes de la côte. En combinaison avec d’autres facteurs, l’onde énergétique se crée en bord de mer. Elles ne sont pas seulement là pour notre bon plaisir. Se sont des facteurs de notre équilibre environnemental. Ce caractère unique, éphémère dynamique fragile et changeant n nécessite un traitement particulier. Pas seulement pour les vagues, mais aussi pour tous ces facteurs qui participent à la création des vagues pouvant être rallié dans le terme plus global de « Surfbreak ». Un spot de surf naît de la rencontre de plusieurs facteurs : vagues de haute mer, courants, variation de la profondeur associée aux marées, fonds marins et au vent. Cet ensemble crée ainsi la formation d’une vague que l’on peut surfer. Pour la création d’un « surfbreak », il faut également inclure la manière dont la houle arrive et se transforme en « couloir de houle »allant vers l’intérieur de la mer. Un « surfbreak » est cette bande côtière regroupant l’intégralité des facteurs cités combiné à l’hydrodynamique marine, à la météorologie ainsi qu’au découpage du littoral, formant ainsi un véritable spot de surf. On entend par vagues surfables celles qui présente un point de départ appelé « pic » offrant une surface de glisse latéral aux surfeurs. Nous devons tenir compte qu’une grande partie des côtes ne produisent pas de bonnes vagues surfables. C’est pour cela qu’un spot est un privilège unique et exceptionnel.
Tout ceci se conforme au caractère intrinsèque et naturel d’un spot de surf. En plus de cela, l’être humain lui a attribué de nombreuses signification, notamment culturel.
8/ LA CULTURE SURF : UNE VÉRITABLE VALEUR AJOUTÉE
Le respect des vagues et la pratique des sports de glisse sont issus d’une longue tradition d’anciennes civilisations du pacifique Sud (Hawaï, Polynésie). La berge était un lieu de travail et de vie ayant un caractère sacré. Les villes près du littoral utilisaient la pêche comme moyen de subsistance, les vagues faisant partie de leur quotidien. Cette forme dynamique et puissante fut mystifié, lui offrant une haute valeur symbolique, à tel point que nous voulons ne faire qu’un avec cette force dans son caractère éphémère. Depuis son arrivée en occident au siècle dernier, le nombre d’adeptes a augmenté de manière exponentielle sous différentes formes, que ce soit en tant que sport, loisir, divertissement, industrie ou encore comme un véritable style de vie. En substance, le surf véhicule une image de respect de la nature et de la mer.
9/ LES SPOTS DE SURF COMME PATRIMOINE SPORTIF SOCIO-ÉCONOMIQUE ET CULTUREL
La mer et les vagues disposent d’une grande valeur esthétique leur donnant ce côté si attractif. De leurs forme et leur dynamisme, elles nous offrent la beauté dans sa forme la plus pure, la liberté de contempler l’horizon, la pureté de ses brises ou encore la lumière et la couleurs de ces eaux. Tous ces éléments ont permis de développer cette culture que ce soit par la musique, le cinéma, la peinture, la sculpture, la mode, les sciences naturelles et sociales et dispose même son propre argot avec de nombreux évènements crées par et pour le surf. Les spots sont les ressources de bases de l’activité, le terrain de jeu du sportif , un espace de loisir, une ressource pour le tourisme, l’objet de recherches scientifiques ainsi qu’un espace vénéré par des millions d’amoureux de la mer. Le développement de la culture surf et son acceptation, la revendication de cet esprit de liberté ont été de nombreuses fois repris dans l’industrie de la mode et du design, mais également dans la pub et autres média en tant que ressource socio-économique pouvant contribuer au développement local et briser la saisonnalité des revenus de la communauté côtières. Une activité ayant un faible impact environnemental mais étant également une véritable ressources pour beaucoup. Les spots sont uniques et donc doté d’une forte valeur ajoutée culturelle, un espace de liberté offrant une expérience qui constitue un véritable patrimoine, une somme de valeurs, un héritage à transmettre.
10/ LA PROTECTION DES SPOTS : UNE CLÉ CULTURELLE
Cependant, malgré toutes ces caractéristiques et significations, l’environnement physique côtier n’est pas soumis à un traitement spécifique de la planification territoriale et encore moins d’un point de vue juridique. D’où une gestion inadéquate de ce patrimoine en tant que ressource naturelle et culturelle. Cette déclaration publique n’est donc pas la finalité, mais le commencement pour obtenir une demande sociale et culturelle d’obtenir un progrès significatif dans notre relation avec la nature dont nous faisons partie intégrante. Tout ce qui entraîne sa dégradation nous touche directement de manière négative. Une approche durable et la volonté de conservation passe d’abord par la reconnaissance de sa valeur. Il faut lever les brumes de l’ignorance pour avancer dans un domaine qui a besoin de plus de lumière. Cette première étape vient combler un vide. Mais cela ne s’arrêtera pas là. Une fois validé cette notion de patrimoine d’une manière générale, il faudra également une protection adéquate de ses éléments et lieux fabuleux. Pour avoir une gestion adéquate et efficace, il impératif d’avoir des connaissances plus détaillés sur les spots de surf et une approche intégrative pour développer leurs valeurs intrinsèques ainsi que leurs fortes valeurs culturelles.
11/ DÉCLARATION POUR LA NÉCESSITE DE VALORISER, GÉRER ET PROTÉGER JURIDIQUEMENT LES SPOTS DE SURF AFIN DE GARANTIR LEUR CONSERVATION
Face aux impacts croissants des dégradations voir de la disparition des spots de surf, nous exprimons ici la nécessité d’inventorier, de valoriser tous les spots sur notre côte. Ceci pour garantir leur préservation maintenant et pour les générations futures. Nous déclarons ici la nécessité de fournir un véritable statut juridique à cette partie de la diversité naturelle actuellement dépourvu de protection. Qu’ils soient reconnus comme partie intégrante de notre patrimoine et de la diversité naturelle et qu’il puisse bénéficier à ce titre d’une gestion adéquate pour garantir sa conservation. A plusieurs reprises, des actions sur la côte ont eu de sérieux impacts sur les spots de surf. Au final, cela ne bénéficie à personne. Chaque travail sur l’environnement côtier doit bénéficier d’une étude sur l’impact environnemental dans lequel sera évalué entre autres facteurs, celui des spots de surf. L’objectif fondamental est de reconnaître ces lieux exceptionnels, de les protéger et de les conserver. Qu’il soit comptabilisé comme facteur de développement durable pour la population locale. A l’exemple de pays ou cela a commencé à être appliquer comme L’Australie, la Nouvelle Zélande, les USA, L’Espagne et le Pérou pourrait reconnaître l’existence de « réserve de surf » et établir des échelles spatiales d niveau international à un niveau régional. Cela assurerait la conservation des spots et permettrait de les considérer comme ressources qualitatives bénéficiant à nos côtes.
En définitive, il s’agit de valoriser, d’informer et de continuer à profiter, avec l’aide de tous. Nous ne voulons pas léguer aux générations futures un environnement côtier dégradé. Nous avons le droit d’en profiter, mais nous avons aussi le devoir de le préserver. Ceci est un engagement de la communauté interculturel. Si nous protégeons ce qui fait partie de nous, alors nous protégeons les vagues.
